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La retraite universelle par points : même le conseil d'état ne comprend pas cette réforme !

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Le projet de loi de réforme des retraites frappe par sa brutalité, le flou qui l’entoure et sa complexité.
Il engendre une large protestation sociale. Tous les régimes confondus (privé, public, professions libérales et indépendants) manifestent leur opposition. Grève des transports RATP et SNCF ; grève des ports, centres de tri, raffineries ; mobilisations de larges secteurs professionnels (pompiers, égoutiers, monde de la culture, enseignants, étudiants, 100 % des avocats en grève jusqu’à fin janvier et forte symbolique de leur jeté de robes, celui de codes du travail ou des impôts, etc.). Les manifestations de colère sociale ne cessent de se multiplier.
Car, contrairement au discours officiel, ce système par points n’a rien d’une « justice sociale » mais, nivelant par le bas, prend la tournure d’un revenu minimum vieillesse. Revenons sur les conséquences manifestes de quelques points de cette réforme :

• Toutes les pensions vont baisser, dans le public comme dans le privé, car c’est la totalité de la carrière, primes comprises, qui sera désormais prise en compte. L’impact sera d’autant plus négatif pour les agents publics qui ont un faible niveau de primes. Le gouvernement a d’ailleurs annoncé une revalorisation partielle pour certains d’entre eux. Les femmes qui ont des carrières hachées ou à temps partiel seront les plus pénalisées.

• La « sanctuarisation » de la part des retraites dans le PIB à 14 %, alors que le nombre de retraités va largement augmenter dans les prochaines décennies, signifie le blocage des dépenses de l’assurance retraite et donc le recul progressif de l’âge d’équilibre et/ou la baisse future des pensions.

• Le système par points permet de baisser les pensions par la variation de la valeur du point.

• Il est inégalitaire. Les hauts revenus capitaliseront les points ; tandis que les bas salaires, et ceux et celles qui connaîtront des ruptures dans leur carrière en raison de la conjoncture de l’emploi, cotiseront peu. Les écarts d’espérance de vie selon les métiers sont oubliés ; les catégories active et insalubre se voient retarder leur départ à la retraite pour ne pas subir une décote.

• La pension minimale de 1 000 €, « conquête sociale », est en dessous du seuil de pauvreté (1 041 € en 2017). Réservée aux carrières complètes, elle exclut de facto ceux et celles qui perçoivent moins de 1 000 € (femmes, agriculteurs) en raison… d’une carrière incomplète ! Autre point non négligeable : comment la transition sera-t-elle gérée, notamment pour les générations nées entre 1975 et 2003 ?

Cette retraite universelle par points est injustifiable en l’état. Elle nécessitait au préalable une vraie concertation.

Son unique vocation semble, sous le prisme de la réduction des dépenses publiques, de mettre davantage à mal un tissu social déjà éprouvé, excepté pour les 1 % des plus hauts revenus.
En Suède, pays de référence de ce système par points, le nombre des retraités pauvres a augmenté. Le taux y est de 14,7 % (deux fois plus élevé qu’en France) et une part non négligeable travaille à côté pour maintenir un niveau de vie.

La fonction publique, déjà impactée par le gel du point d’indice depuis 2010 et le non renouvellement durable des départs à la retraite qui ont considérablement détérioré les conditions de travail, figure parmi les grands perdants.
Qu’en sera-t-il de son attractivité, si les conditions de rémunération et de retraite se dégradent davantage ?
Comment, dans ces conditions, maintenir la qualité de ses services publics ?
Certaines dispositions de la loi de transformation de la fonction publique (élargissement du recours aux contractuels, rupture conventionnelle pour inciter au passage public-privé, possibilité de privatiser des services) ressemblent bien à des préfigurateurs de ce démantèlement du service public.

Pour toutes ces raisons, nous, intersyndicale de la Ville de Paris, maintenons notre action de mobilisation (assemblées générales, manifestations, cafés-débat) jusqu’au retrait de ce projet de réforme des retraites dans sa forme actuelle.