On ne s’imagine pas les situations qu’on peut rencontrer. Certaines personnes ont vraiment besoin de nous. Ce métier est riche humainement.
J’interviens sur la moitié du 11e et sur le 7e suite à des signalements dans des logements privés et des logements sociaux. Cela peut concerner des fuites dans des parties privatives, une électricité non conforme, des odeurs liées au comportement de voisins (négligences dans le logement, dont l’occupant est parfois assimilé à un « Diogène »), des conditions de logements insalubres ou indécentes…
Je vois aussi des appartements magnifiques avec des personnes qui n’arrivent pas à obtenir des travaux de leurs propriétaires. Afin qu’ils remédient aux désordres, je leur envoie une mise en demeure. Si elle n’est pas suivie d’effet, je dresse un PV puis le dossier est transmis au tribunal. Quand un inspecteur vient, ça fait bouger les choses.
Mon objectif est que l’insalubrité soit résolue, alors je suis satisfaite quand un dossier aboutit, malgré les imprévus qui peuvent survenir. Ou lorsque j’arrive à faire reloger une famille qui vivait dans un local impropre à l’habitation (local sans éclairage naturel, beaucoup trop petit…).
Par contre, de nombreuses personnes font appel à notre service dans l’espoir d’obtenir ensuite un logement social ou d’échanger le leur qui ne leur convient pas, mais ce n’est pas notre rôle. Il faut faire la part des choses. J’ai aussi quelques cas de personnes « Diogène » qui sont plus difficiles à traiter car elles refusent parfois que j’entre ou ne veulent pas débarrasser leur logement encombré de déchets.
L’arrivée d’un infirmier dans le service facilite mon travail car il m’arrive de lui demander de m’accompagner quand je sens que ça va être compliqué ou quand une personne a besoin d’un accompagnement médico-social spécifique.
Recueillir des infos
Je prends en charge prioritairement les situations d’incurie, notamment les cas de « Diogène », car ces situations pourraient présenter un danger imminent pour les occupants de l’immeuble (risque de propagation d’incendie, d’ensevelissement…).
Je téléphone toujours à la personne pour prendre rendez-vous. Cela me permet d’identifier à qui j’ai affaire et de prendre les précautions nécessaires pour ne pas me retrouver dans une situation qui pourrait mal tourner.
Je consacre trois demi-journées par semaine aux enquêtes sanitaires et techniques pour lesquelles je recueille un maximum d’infos. Je rédige ensuite un rapport que je transmets à l’Agence régionale de santé (ARS) pour les situations les plus graves qui présentent un danger pour la santé des occupants et du voisinage. L’ARS prend ensuite un arrêté préfectoral qui oblige la personne responsable de la situation à faire les travaux dans un délai imposé. S’ils ne sont pas réalisés, je dresse un PV d’inexécution de l’arrêté et je transmets à mes collègues du bureau de conduite des opérations de travaux qui prend le relais pour la réalisation d’office des mesures de l’arrêté.
Cependant, je ne rédige pas toujours le PV d’inexécution tout de suite pour éviter de trop perturber la personne et lui laisser une ultime chance de vider son appartement avant le passage aux travaux d’office. On ne s’imagine pas les situations qu’on peut rencontrer. Certaines personnes ont vraiment besoin de nous.
Ce métier est riche humainement. Et je travaille au sein d’une bonne équipe. Nous discutons ensemble de certaines situations. J’ai besoin d’en parler, mais une fois que je quitte le bureau, je fais le vide. C’est essentiel.