Portrait

Benoît Gallot, conservateur au cimetière du Père-Lachaise

« Je suis tombé nez à nez avec un renardeau, c'était un moment incroyable. »

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BENOÎT GALLOT, CONSERVATEUR AU CIMETIÈRE DU PÈRE-LACHAISE

«J’ ai une formation de juriste. Après une expérience professionnelle dans le privé, j’ai réussi le concours de la Ville de Paris et obtenu le poste d’adjoint au chef de bureau des concessions au service des cimetières (DEVE). Mes missions étaient de contrôler la transmission des successions funéraires, répondre à toutes les questions relatives au droit funéraire dans les 20 cimetières parisiens.

J’exerce le métier de conservateur de cimetière depuis 2010, j’ai débuté à Ivry et je suis le conservateur du cimetière du Père-Lachaise et de ses 4 annexes (Belleville, La Villette, Bercy et Charonne) depuis 2018. Au Père-Lachaise, je suis en charge de la gestion des 80 agents qui font vivre le cimetière 365 jours par an. Le Père-Lachaise est un cimetière avant tout. Je reprends des concessions à l’abandon pour relotir de nouveaux terrains à de nouvelles familles parisiennes. Cette activité me prend une grande partie de mon temps. Enfin, il y a la gestion avec les usagers, il faut faire preuve d’un très grand sens relationnel et être très organisé.

Mon métier est vraiment une passion. Je n’ai pas encore fait le tour des 43 hectares du Père-Lachaise. Pleins de projets sont en cours : le développement de l’accueil touristique, la rénovation des locaux, l’enherbement des allées, j’ai hâte de voir la suite !

LA VIE AU CIMETIÈRE


Lorsque j’ai débuté à Ivry en 2010, je n’avais pas du tout la fibre environnementale. Les arbres et les oiseaux ne m’intéressaient pas plus que ça. Dans le cadre de mes fonctions, nous avons mis en place le plan zéro-phyto, c’est-à-dire l’abandon des pesticides dans l’entretien de nos espaces verts. Au départ, j’étais réfractaire à ce nouveau mode de fonctionnement et maintenant je suis non seulement convaincu mais un adepte ! La suppression totale des pesticides a permis à une biodiversité impressionnante de se développer.

Mon regard a ainsi changé et j’ai voulu partager l’envers du décor avec le public via mon compte Instagram, @la_vie_au_cimetiere, et l’aventure a commencé. J’ai vécu les périodes de confinement au Père-Lachaise. Une période très difficile pour nos équipes avec des effectifs moindres et une activité en hausse de 40 %. Un soir, dans les allées du Père- Lachaise, je me suis retrouvé nez à nez avec un renardeau. Un moment in- croyable que j’ai partagé sur les réseaux sociaux... Le succès a été immédiat. Certaines parties du cimetière sont inaccessibles au public, l’absence d’activités humaines et d’éclairage urbain permettent aux animaux de prendre leurs aises. Ils sont dans des conditions proches de la nature.

Ma passion personnelle est finalement devenue virale avec Instagram. J’ai plaisir à montrer que la vie est présente dans les cimetières ! Mes clichés ont été exposés sur l’avenue principale du Père- Lachaise à l’occasion de la dernière édition du Printemps des Cimetières. J’ai aussi sauté le pas de l’écriture, mon livre La Vie secrète d’un cimetière, sortira en automne prochain. J’y évoque mon métier, la vie dans le cimetière, le Père-La- chaise en général. Six mois d’écriture intense mais passionnants ! »


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