Interview

Marie Villette

« Renforcer la qualité du service public »

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Marie Villette, secrétaire générale de la Ville de Paris

Marie Villette, secrétaire générale de la Ville de Paris, explique l’action qu’elle va conduire pendant cette mandature.

Quelles sont vos priorités pour cette nouvelle mandature ? 

Celles de la maire, qui sont nombreuses, variées et riches. Un des dossiers structurant, car très transverse, est celui de la territorialisation de l’action municipale. Il s’agit d’associer davantage les maires d’arrondissement et les habitants à la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de toutes les politiques publiques. C’est un changement profond dans la manière de faire le service public sur des thématiques telles que l’espace public, l’action sociale ou encore la tranquillité publique. L’idée est de développer et d’élargir nos outils de participation comme les conférences citoyennes ou la concertation.

La création d’une direction de la santé publique est, quant à elle, rendue plus que nécessaire avec la crise sanitaire pour permettre à la Ville de mieux coordonner les différentes actions et les différents acteurs en tenant compte de la réalité des quartiers. Parmi les autres chantiers prioritaires, il y a également l’adaptation de notre administration pour mieux accompagner et incarner les enjeux écologiques et climatiques. La Ville entend en effet jouer tout son rôle pour porter le plaidoyer comme lors de la COP21, alors que nous allons célébrer les cinq ans de l’Accord de Paris. Je pense aussi à l’unification et la territorialisation de l’action sociale. Beaucoup de choses ont déjà été réalisées comme la mise en place du Nouveau Paris Solidaire pour mieux accueillir les usagers. Il faut aller plus loin.

Pourquoi et comment le SG s’est-il réorganisé ? 

Le SG s’est réorganisé en 4 pôles, pilotés par 4 personnes aux profils riches et complémentaires, pour mettre en avant les priorités de la mandature, avec pour objectifs de renforcer la qualité du service public et faire que les agents continuent d’être mobilisés comme ils le sont aujourd’hui. Ils sont le fondement de notre service public. La maire et ses adjoints portent l’ambition politique et les directions possèdent l’expertise métiers. Le SG fera le lien entre les adjoints, les mairies d’arrondissement, les directions, les agents et les organisations syndicales pour rendre la relation la plus efficace possible. Le SG impliquera également davantage les partenaires de la Ville – bailleurs sociaux, SEM… – qui sont demandeurs d’être mieux intégrés dans nos projets.

Comment le pilotage des directions va-t-il évoluer ? 

Le rôle du SG est d’être un facilitateur. Il est le lieu de la coordination en veillant à aider le travail des directions, en capitalisant sur leur expertise. Davantage de projets seront ainsi portés par les directions. C’est déjà le cas pour les Assises du stationnement et des mobilités pilotées par la DVD, et de l’Académie du climat pilotée par la DASCO au titre des nouveaux axes d’apprentissage, même si ces deux projets sont transversaux. Le SG est aussi le lieu de l’arbitrage entre différents niveaux, en lien avec la maire, son cabinet et les cabinets d’élus. Pour gagner en efficacité, les procédures des arbitrages demandés par les directions vont être actualisées.

Par ailleurs, le SG doit jouer un rôle prospectif en exerçant une fonction stratégique de veille et d’anticipation. Nous avons déjà des outils, des cadres (PLU, Plan climat…) et des partenaires (Apur, etc.) pour nous projeter et dessiner la ville de demain. C’est aussi grâce à cette capacité à anticiper que la Ville a pu donner sur son stock, dès le début de la crise sanitaire, des masques aux soignants de l’AP-HP.

Comment la Ville va-t-elle s’adapter à la crise sanitaire pour mener son action ? 

Je tiens à saluer le travail exceptionnel effectué par les services depuis le début de la crise. Cette force du service public et de l’implication des agents est un bien précieux qu’il nous faut préserver et valoriser. Malgré cette crise, et tout ce qu’elle implique en termes de fatigue et de lassitude parfois, le service public parisien continue. La rentrée scolaire s’est bien déroulée. Les événements festifs, adaptés aux consignes sanitaires, ont permis de garder l’esprit de valorisation de nos métiers que ce soit à travers les Journées du patrimoine ou la Fête des jardins. Nuit Blanche, également adaptée, a pu se tenir pour le plus grand plaisir des Parisiennes et des Parisiens, car nous avons besoin de l’imaginaire et du regard des artistes sur cette période. Le Conseil de Paris s’est également réuni, là aussi en s’adaptant, pour assurer la vie démocratique.

Pour poursuivre notre action, la santé des agents est notre première priorité. Dès le printemps, la Ville a diffusé les équipements de protection individuelle indispensables à l’exercice des activités, aménagé les conditions de travail en favorisant notamment le télétravail quand cela est possible et des aménagements d’horaires. Le contexte sanitaire rend plus que jamais nécessaires les mesures de prévention, comme la ventilation des locaux et la qualité de l’air dans les espaces de travail, auxquelles les organisations syndicales sont également très attachées. D’autres sujets sont engagés, comme l’accompagnement du travail isolé, et donneront lieu à des plans d’actions adaptés. Les encadrants jouent un rôle essentiel pour mettre en œuvre ces mesures.

Quelles sont vos priorités en matière de RH, d’innovation ? 

Nous allons agir sur les conditions de travail pour préserver l’expertise métiers des agents saluée pendant la crise. Cette crise nous affecte et j’ai dû prendre des décisions difficiles comme celle d’interdire les moments festifs qui sont pourtant nécessaires, notamment pour remercier les agents qui partent à la retraite.

Cette crise doit toutefois nous permettre d’engager une réflexion plus profonde sur les conditions et modes de travail des agents, dont le télétravail, pour trouver un équilibre entre le déploiement de modalités de travail plus fluides et plus confortables pour les agents, et la préservation des collectifs de travail. Les agents vont être associés à cette réflexion sur l’amélioration des conditions d’exercice de leur métier. Elle se fera avec les encadrants, de tous les niveaux hiérarchiques. De nouvelles mesures vont aussi être engagées avec la DRH pour accompagner les encadrants dans la gestion de leurs équipes, notamment sur l’organisation du travail à distance.

Les grands projets de la mandature qui impacteront l’organisation du travail seront conduits dans le cadre d’un dialogue social que je souhaite le plus fructueux possible, et je veillerai à l’équité de traitement de l’ensemble des agents. Quant à l’innovation, elle doit alimenter l’ensemble de nos pratiques. Le pôle Innovation du SG accompagne ces questions concernant la data, les pratiques managériales, la manière de conduire les politiques publiques avec le Labo… Pour partager ces expériences, et malgré le contexte, la 3e édition de Paris Innove est organisée cette année de manière dématérialisée.